Des pépinières qui se consacrent à la fois aux fleurs coupées et aux plantes en pot ? Il en existe peu. ICHTUS Flowers & Plants est l’une de ces perles rares. Nous avons donc voulu en savoir plus. Pieter Lips, copropriétaire de l’entreprise, nous explique les tenants et les aboutissants de cette double culture.
Croissance en largeur
La pépinière ICHTUS Flowers & Plants a été fondée en 1995 par Danier van der Spek. Dans un premier temps, il se concentre principalement sur la culture de l’Anthurium à couper. En 2003, l’Anthurium a été rejoint par le Phalaenopsis à couper. Une évolution couronnée de succès : cette orchidée papillon rencontre une telle popularité que la pépinière tourne à plein régime. En 2007, l’entreprise horticole construit une nouvelle pépinière d’une superficie de 4,4 ha. Mais pour ICHTUS, le véritable tournant a eu lieu il y a trois ans. Lorsque les Anthuriums en pot ont fait place aux plantes vertes : des espèces exclusives d’Alocasia et de Philodendron de différentes formes et tailles de pot.
Un défi de taille
Ceux qui connaissent un tant soit peu le secteur horticole le savent : la combinaison de deux cultures différentes, en l’occurrence les fleurs à couper et les plantes vertes, n’est pas une mince affaire. Pourtant, ce choix est apparu comme une évidence pour ICHTUS. Pieter Lips nous l’explique : « Il y a trois ans, nous avons remarqué que les plantes vertes avaient vraiment la cote. Après avoir tâté le terrain, nous avons eu l’occasion de reprendre l’assortiment de plantes vertes en pot du cultivateur Sjaak van der Sar. Déjà bien implantés sur le marché, ses produits jouissaient d’une réputation assez exclusive. C’était pour nous le tremplin idéal vers ce segment. Du reste, cette démarche s’inscrivait parfaitement dans la vision de notre entreprise. Il faut savoir que nous sommes toujours en quête de nouvelles variétés pour continuer à surprendre les consommateurs. »
Au service des clients 365 jours par an
« Nous ne cherchons pas forcément à cultiver plus de plantes, mais à proposer un large choix de produits, régulièrement assorti de nouvelles variétés. Notre gamme a augmenté en peu de temps. Nous cultivons 80 % de nos plantes dans des pots de 14 et 17 cm. En parallèle, nous rempotons 20 % dans des pots plus grands, de 24 et 32 cm. Un processus pour le moins laborieux ! Mais c’est précisément ce large éventail de tailles de pots et d’espèces qui nous rend attractifs d’un point de vue commercial. Nous sommes en mesure de répondre à tous les besoins de nos clients, et ce tout au long de l’année. »
Floréac, un partenaire-baromètre
Avec une offre aussi variée, il est important pour le cultivateur de savoir ce qui se passe sur le marché. Comment observe-t-on les tendances chez ICHTUS ?
Pieter : « En réalité, il y a deux éléments que nous devons surveiller en permanence. D’une part, il y a les informations techniques de culture, qui proviennent de notre serre. Nous aimons tester de nouveaux cultivars, et nous consacrons beaucoup de temps et d’argent à ces essais. Nous menons des tests sur un petit nombre de plantes, en tenant compte de caractéristiques telles que la vitesse de culture, le nombre de boutures par pot, la couleur des feuilles, etc.
D’autre part, il y a les informations commerciales. Le produit plaît-il aux clients et aux consommateurs ? Ces deux facteurs doivent coïncider. Une plante difficile à cultiver mais unique sur le marché ne nous rebute pas, au contraire. À l’inverse, nous ne cultiverons pas de variétés déjà disponibles en grand nombre sur le marché. Cette approche nous distingue de la concurrence. XXX
Et pour maintenir cet équilibre, un partenaire comme Floréac vaut de l’or. Et ce n’est pas un hasard si je parle de partenaire plutôt que de client. Au cours de la dernière année et demie, notre collaboration s’est intensifiée. Grâce à Floréac, nous obtenons des connaissances précieuses d’un autre maillon de la chaîne. L’entreprise sait ce que veulent les clients et les consommateurs, et nous aide à être aussi réactifs que possible. Floréac ne s’associe pas à n’importe quelle pépinière, et cela me donne encore plus confiance. Il y a d’abord une phase d’observation. Ensuite, lorsque Floréac est sûre à 100 % de la qualité, elle se donne à fond. Autrement dit, l’entreprise pense à long terme. Elle se fiche pas mal des gains rapides. Autre avantage : nous partageons les mêmes valeurs. »
Respect pour l’humain et l’environnement
Ces valeurs sont omniprésentes chez ICHTUS, et la pépinière prend sa vision du monde très au sérieux. « Le respect est indispensable. Envers nos clients, nos fournisseurs et nos collègues, mais aussi envers la nature. Voilà pourquoi nous mettons tout en œuvre pour pratiquer une culture aussi durable que possible ».
Par exemple, nous produisons de l’électricité par cogénération. Notre centrale fonctionne actuellement au gaz, mais à terme, nous avons l’intention de passer à l’hydrogène. Du reste, nous misons pleinement sur la lutte biologique. Nous disposons aussi d’un système d’arrosage par recirculation à 100 %. L’eau d’irrigation et l’eau de pluie, qui tombe sur les serres et le hangar, sont entièrement collectées et utilisées. Le reste de l’eau, que nous utilisons en cas de pénurie, est pompée à 120 mètres de profondeur dans le sol. Nos pots de culture et nos pics décoratifs sont fabriqués à partir de matériaux post-consommation provenant de plateaux recyclés Flora Holland.
Et ce n’est là qu’un petit aperçu de nos efforts. Je vous le concède : nous n’avons pas fait le choix de la facilité, surtout avec deux cultures qui exigent chacune une approche distincte. Mais nous soutenons ce choix à 100 %. »
Miser sur la répartition des risques
ICHTUS croit donc dur comme fer à la valeur ajoutée de deux cultures sous un même toit. Pourquoi ? « Parce que cela nous permet de répartir les risques, et parce que les cultures sont complémentaires tout au long de l’année en termes d’énergie et de main-d’œuvre. Prenez la crise sanitaire, par exemple. Cette période a été dévastatrice pour le secteur des fleurs coupées. Les mariages ont été annulés ou reportés, et personne n’a donc commandé de bouquets. Pour nos Phalaenopsis coupés, ce fut la catastrophe. Heureusement, nous avons pu nous rabattre sur les ventes de plantes vertes, qui ont connu un regain de popularité. Aujourd’hui, la tendance est en train de s’inverser. Les plantes vertes séduisent un peu moins, mais les mariages sont en hausse. Une excellente nouvelle pour nos Phalaenopsis coupés ! Ils sont très demandés, particulièrement en Toscane (le décor idéal pour un mariage). Grâce à ces deux ‘‘jambes’’, notre pépinière conserve un équilibre permanent.
Pour le personnel aussi, cette double culture présente un avantage. Nos collaborateurs ont du travail tout au long de l’année. Ils peuvent aussi échanger leur expertise. Mais il est évident qu’avec deux processus de culture et deux marchés distincts, nous sommes aussi confrontés à un plus grand nombre de difficultés. C’est le revers de la médaille.
Mais je ne me plains pas. Le processus de croissance de nos plantes continue de me fasciner. J’aime aussi contaminer d’autres personnes avec mon enthousiasme. Agir ensemble pour atteindre un objectif commun : voilà ce qui me donne de l’énergie. »